Repenser le renouvellement urbain pour respecter les habitants

Vous nous présentez ce soir, une série de délibérations techniques sur les projets ANRU. A de nombreuses reprises, la MEL a été interpellée par des collectifs ou associations d’habitants sur des projets, sur le relogement et sur les conditions de vie des locataires pendant les opérations de rénovation.

Ces contestations sont aussi liées – presque historiquement – à l’ANRU et aux projets de renouvellement urbain. La première version de l’ANRU en a fait, partout en France, l’amère expérience, avant de revoir sa copie en 2014 et d’intégrer plus fortement les habitants dans les projets et en renforçant leur accompagnement social. Malgré des efforts réels, cette politique reste insuffisante pour à la fois pallier les inquiétudes des locataires et – parfois – améliorer les conditions de vie sur le long terme. Une étude sur le sujet de l’Observatoire National de la Politique de la Ville en 2021 a montré que si un habitant sur deux indique être « gagnant » (et c’est tant mieux), il reste encore un tiers des habitants qui se qualifient de « perdants » suite à leur relogement. 15 % se sentent même « mis en échec » par un manque d’accompagnement ou une pression sur le choix du logement.

Au-delà, l’ANRU vient ajouter une pression supplémentaire sur un parc social déjà en tension. Les opérations ANRU de la MEL sont importantes en matière de destructions de logements sociaux puisqu’on prévoit de détruire plus de 4 000 logements au total. De ce fait, nous arrivons dans une situation de quasi blocage, de retard, parfois difficile à comprendre pour les habitants localement.

Tout cela doit nous amener à réfléchir collectivement à la philosophie même des opérations de rénovation urbaine, pour que la MEL puisse, pourquoi pas, porter une voix singulière sur le sujet auprès de l’État. En arriver à devoir détruire un aussi grand nombre de logements du fait de leur caractère dégradé doit aussi nous interroger. Le fait même de démolir dans un contexte où les ressources doivent être économisées aussi. De même que l’obtention d’une telle manne financière de la part de l’État pour les quartiers en difficulté alors que leur population, relogée ailleurs, n’en bénéficiera pas directement.

A cela, nous ajoutons – à nouveau – notre interrogation sur l’état du parc social de notre métropole. Le manque d’entretien d’immeubles par certains bailleurs dans cette période de relogement pose question. (Ex : à Roubaix, vous le savez à l’Alma actuellement, à Bois-Blancs nous en avons déjà parlé. Et d’ailleurs, nous sommes heureux de voir que Vilogia va prendre des mesures aux Bois-Blancs suite à l’interpellation des habitants). Au-delà, le logement social métropolitain marque à certains endroit un délaissement de longue date, créant des situations locales intenables pour les locataires, qui continuent pourtant à payer leur loyer.

Par anticipation, veuillez m’en excuser mais les sujets sont liés, ce soir vous proposez aussi de modifier la charte de relogement pour baisser l’objectif de relogement des bailleurs non démolisseurs. On voit bien que les objectifs ne sont pas atteints, mais baisser un objectif qu’on n’arrive pas atteindre est-ce la bonne logique ? Nous entendons les difficultés du travail en interbailleur. Mais, en l’état, nous préférons nous abstenir sur cette délibération.

2023 va être une année de travail autour du Contrat de Ville, qui arrive à son terme en fin d’année pour un nouveau Contrat en 2024. Face aux blocages et aux retards pris, au modèle économique des opérations qui est mis à mal par l’inflation, y aura-t-il une possibilité pour discuter avec l’ANRU pour nous aider à améliorer les parcours résidentiels des habitants ? Le Ministre Klein a déjà annoncé la volonté de revoir tous les projets ANRU à l’aune de la transition écologique. Les projets seront donc – à priori – revus. Qu’en sera-t-il pour la MEL ?

Dans tous les cas, si notre groupe restera très attentifs aux inquiétudes des habitants, nous vous soutiendrons dans la mobilisation des bailleurs sociaux pour les relogements et l’entretien de leur parc. Les habitants les plus précaires méritent des logements de qualité, surtout quand ils sont largement financés par les pouvoirs publics.

Je vous remercie.

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