M le président, M le Vice-Président, chers collègues,
En premier lieu, je suis peinée de voir dans le budget voté toute à l’heure que celui de la Politique de la Ville est en baisse en 2023. Sept millions de baisse au total, quasi trois millions pour le budget hors NPRU. 600 000 euros restants en 2023 (au lieu des plus de 3 millions en 2022), soit autant que pour la vidéosurveillance… Dans le contexte actuel, réduire les financements des quartiers prioritaires – qui sont les quartiers les plus pauvres de notre métropole, je le rappelle – quel signal, chers collègues, quel signal.
Passons aux Bois-Blancs. Un petit verbatim pour démarrer :
« On ne nous a jamais parlé de ces hauteurs de 28m ! »
« On ne sait toujours pas combien de logements seront construits… »
« Au final, quels seront les équipements sur le quartier ? »
Ces phrases, ce sont celles d’habitants des Aviateurs. Félicitons-nous d’une bonne participation à la concertation, preuve d’un intérêt vif pour leur quartier.
Mais comme souvent dans les projets ANRU, ils se sentent mal écoutés, peu informés de leur avenir ou de celui de leur futur quartier. Pour rappel, une des actions du PLH est de laisser plus de place aux habitants dans la programmation de l’offre de tout type de logement, et vraiment la MEL doit encore s’améliorer sur ce point.
Surtout, cette concertation devait être une concertation obligatoire « préalable », avant mise en œuvre du projet. Le projet n’est pas ficelé, mais les déménagements des habitants, eux, ont déjà bien commencé.
Petite parenthèse, permettez-moi un second verbatim, issus des habitants des Aviateurs, symbolique des relogements des projets ANRU en général : « On m’a proposé des logements avec des charges très très hautes, indécentes par rapport à ce que je paye aujourd’hui, trop chères. », « On ne m’a rien proposé par écrit, tout se fait par téléphone », « J’ai dit non une fois à un logement, mais comme c’est à l’oral, est-ce que ça compte ? ».
Fin de la parenthèse, je reviens à la concertation en elle-même. Le travail du cabinet d’études, parisien, demandait aux habitants de bouger des legos sur une carte, où ceux-ci représentaient des immeubles, des équipements ou des logements. Grâce à ce très intéressant jeu, un constat saute aux yeux: le cœur du projet n’est pas négociable. Les habitants sont sollicités pour discuter des hauteurs des futures constructions, des espaces verts et paysage. C’est bien. Mais ils ne sont pas consultés sur le fond du projet : les démolitions, les reconstructions.
Encore fois, nous sommes déjà intervenus sur le sujet en conseil : on touche ici aux principes même de l’ANRU, d’autant plus questionnant sur notre territoire où, même avant ces démolitions, la pression sur le logement social est immense.
Il nous faut du logement social de qualité, nous sommes d’accord. (Poke aux communes qui ne respectent pas la loi SRU au passage, on vous voit).
Il faut améliorer l’habitat nous sommes d’accord. D’ailleurs, au passage encore, nous nous demandons comment il est possible de retrouver des immeubles dans des états pareils à ceux dans lequel se trouvent aujourd’hui les Aviateurs (je pourrais dire pareil de Concorde). A celles et ceux qui siègent ici dans les conseils d’administration des bailleurs sociaux : agissez.
Il faut améliorer le cadre de vie, nous sommes d’accord.
Mais il faut aussi prendre en compte les ras le bol parfois mais surtout les inquiétudes importantes des habitantes et des habitants. Qui comprennent très bien, et ils ont raison, que le gâteau ne sera pas pour tous.
Pour toutes ces raisons, nous nous abstiendrons.