Monsieur le Président, Monsieur le Vice-Président,
Ou plutôt devrai-je dire, vu que cette question nous concerne tous,
Mesdames et Messieurs les vices-présidents et conseillers délégués.
Nous vivons dans une drôle de métropole, remplie d’ambiguités, dit-on “la plus ségrégée de France”.
Avec d’un côté des communes où l’on vit parfois très aisément, où la part des habitants payant le feu
ISF était une des plus élevée de France, où on trouve aussi ça et là des “gated communities”, ces
quartiers résidentiels fermés réservés à des populations particulièrement aisés.
De l’autre, on retrouve une métropole où 1 habitant sur 5 vit sous le seuil de pauvreté, des communes
fortement concernées par la Politique de la Ville, sur la quasi totalité de leur territoire parfois, une
pauvreté qui se renforce depuis 2014 sur la MEL et des situations de décrochage social alarmantes.
Comme il existe une métropole des villes et une métropole des champs, il existe une métropole des
riches et une métropole des pauvres. Cette métropole des pauvres, c’est celle des quartiers
prioritaires. Quartiers prioritaires qui se voient augmentés sur la MEL cette année et pour les
prochaines années.
A la fois bonne nouvelle et mauvaise nouvelle.
Je commence par la bonne car nous devrions bénéficier de moyens renforcés supplémentaires de l’Etat pour ces QPV qui rassemblent les habitants les plus pauvres de la MEL (j’y reviendrai).
Je continue avec la mauvaise car cela signifie et confirme que la pauvreté se renforce et s’accroit sur
notre métropole et que des quartiers continuent leur paupérisation.
Et cumulent des difficultés: concernant l’emploi, le logement, la formation mais aussi la santé, l’accès
aux droits et aux services, y compris publics.
Le Contrat de Ville et des Solidarités – vous l’avez rappelé – rassemblent l’ensemble des politique
publiques à mener dans ces quartiers prioritaires et pour les habitants les plus précaires. Cette
démarche de fusion du Contrat de Ville métropolitain et du Pacte des Solidarités départemental
constitue une démarche inédite dont l’objectif unique d’améliorer la vie des habitants les plus pauvres de notre métropole.
Si notre groupe – MECS – regrette de ne pas avoir été associés à la démarche d’élaboration, malgré
nos demandes écrites, nous tenons à souligner l’intérêt d’une telle démarche qui permet d’avoir une
vision et une action globale de lutte contre toutes les précarités, en y associant l’ensemble des
institutions et acteurs locaux.
Ensemble, on va plus loin. Et surtout plus fort pour mobiliser – collectivement et en priorité – nos
moyens de droit commun puis des moyens supplémentaires (qu’il nous faudra chiffrer vite) pour les
habitants de la MEL qui en ont le plus besoin.
Toutefois, nous tenons à vous faire part de plusieurs inquiétudes et interrogations que nous vous
avions partagé par courrier le 22 mars puis en commission – et dont nous avons eu une réponse
partielle de votre part hier soir seulement.
Puisque nous parlons des habitants les plus pauvres, nous tenons à souligner l’importance de travailler sur l’hébergement d’urgence. Sur ce sujet, nous le répétons, la solidarité entre les communes de la métropole est capitale et ne doit pas seulement concerner les communes ayant des QPV.
La question des bidonvilles ou des campements informels a totalement disparu de notre stratégie
métropolitaine. Votre réponse (l’Etat a cessé cette politique donc nous “avons pris acte”) ne nous
convient pas. Notre groupe vous alerte à nouveau sur le sujet. L’accompagnement social des personnes vivant en bidonville et leur relogement est essentiel. Nous déplorons que cette question soit effacée du Contrat de Ville et des Solidarités proposé au vote et signé par l’Etat.
En parallèle, le lien avec les bailleurs sociaux ne nous semble pas assez explicite. En commission, vous nous avez signalé que les bailleurs seraient associés “dans un second temps”. Ils sont pourtant des acteurs incontournables de nos quartiers prioritaires. Nous tenons à souligner l’importance du
partenariat avec eux, des échanges, de la coopération essentielle pour notamment l’entretien du parc
social, la garantie d’un logement de qualité pour les habitants et à leur accompagnement lors des
projets ANRU.
En lien, la question du cadre de vie (entretien, propreté, sécurité) avec l’importance de personnels de
proximité (éducateurs, médiateurs, gardiens, etc.) est absolument nécessaire pour remettre de
l’humain et dessiner des quartiers où il fait bon vivre.
Enfin, je partagerai également une dernière inquiétude sur les annonces de l’Etat sur ses dépenses
publiques futures. Avec 49 millions d’euros en moins pour la Politique à venir dans les années à venir
(soit 10% de l’enveloppe nationale), quelles conséquences dans nos quartiers? Les moyens étant déjà
largement insuffisants et le droit commun des uns et des autres pas toujours mobilisés pour les QPV,
comment améliorer la situation des habitants les plus pauvres sans moyens ? Nous craignons que les
quartiers prioritaires n’est de prioritaire que le nom. Nous comptons sur vous, Monsieur le Vice
Président, pour soutenir et appuyer auprès de l’Etat nos quartiers prioritaires et leurs habitants.
Nous voterons pour ce nouveau Contrat de Ville et des Solidarités mais avec des réserves et dans
l’attente de réponses sur les sujets évoqués.
Je vous remercie.