Monsieur le Président, monsieur le Vice-Président, cher·e·s collègues,
Vous le rappelez dans la délibération, la lutte contre la pauvreté reste une compétence de l’État. Nous regrettons que celui-ci ne prenne pas toute la mesure de cette compétence à la vue de la situation actuelle, aggravée par une crise sanitaire historique. Les inégalités se creusent dans notre pays. La pauvreté touche de plus en plus d’habitants pendant que la fortune des milliardaires – d’après une étude d’UBS et PWC – a progressé de 45% en France, entre 2019 et 2020.
Si ce plan pauvreté est le bienvenu dans ce contexte, il nous apparaît tout de même être un coup d’épée dans l’eau quand – « en même temps »- les APL sont diminuées, l’ISF supprimé, la flat tax instaurée, etc, etc. Le gouvernement tente de panser des maux qu’il a parfois lui-même créés au lieu de mener une politique ambitieuse et volontariste de lutte contre la pauvreté et de diminution des inégalités.
En effet, les solutions pour éradiquer la misère sont connues : mettre des moyens humains et accompagner les plus pauvres vers l’emploi et le logement, ouvrir plus largement le droit aux aides et minimas sociaux (notamment aux moins de 25 ans), soutenir les associations de solidarité et d’entraide, donner les moyens financiers à toutes et tous pour assurer sa survie et son émancipation. Les leviers d’actions nationaux existent. Dommage qu’ils ne soient pas activés.
Ce plan pauvreté national, bien que peu ambitieux pour l’instant à la vue de l’aggravation de la situation nationale, reste tout de même le bienvenu. Par cette délibération, la MEL saisit la perche qui lui est tendue en contractualisant avec l’État, ce que nous saluons. Mais associons nos forces au niveau local pour – non pas de résorber la pauvreté comme indiqué dans la délibération – mais pour l’éradiquer.
Permettez-moi de rappeler quelques chiffres concernant notre métropole : 213 000 personnes y vivent sous le seuil de pauvreté (données 2013 de l’ADULM) et près de 3 000 personnes se déclaraient à la rue, en squat en campement en mars 2019. La Métropole est particulièrement touchée par la grande précarité. Il est donc essentiel de s’emparer de tous les outils à notre disposition pour pallier cette situation.
Nous serons donc particulièrement vigilants à la mise en place d’un plan d’actions local, réfléchi, pensé et co-construit avec l’ensemble des acteurs qui luttent contre la misère sur la métropole. Il est capital de mettre toutes les forces en présence autour de la table afin de lutter durablement et efficacement contre la grande précarité et la misère : communes, CCAS, acteurs du social, de l’insertion, de l’éducation populaire, associations, précaires eux-mêmes, etc. Multiplions les points de vue, mutualisons les expériences locales et nourrissons-nous des retours de terrain. Nous vous remercions Monsieur le Vice-président, d’avoir intégré les amendements que nous avons déposés et qui vont dans ce sens.
Dans votre délibération, vous écrivez vouloir définir deux axes de travail qui nous paraissent pertinents :
- Le premier point concerne l’accélération de l’accès au logement des publics les plus précaires. Sur ce point, vous citez – à juste titre – la résorption des bidonvilles sur notre territoire. Permettez-moi de revenir sur l’expulsion du camp Rom la semaine dernière chemin Napoléon à Hellemmes à la demande de la MEL. Commençons peut-être par ne plus reproduire ce genre d’épisodes, où les parcours de logement n’ont pas été préparés en amont avec les concernés. Respectons un minimum la dignité de ces personnes.
- Le deuxième axe concerne les jeunes en situation de précarité sur lequel nous vous rejoignons pleinement.
Notre groupe souhaite être force de propositions pour l’élaboration de ce plan d’actions à laquelle nous espérons être associés. Les leviers d’actions de la MEL sont réels : en matière d’aide alimentaire, d’accès au logement et aux transports, de développement économique ciblé, de lutte contre la précarité énergétique, de politique de la ville, etc.
Vous pourrez compter sur la mobilisation des élu.e.s de notre groupe pour contribuer pleinement à ce combat contre la pauvreté.