Cette contractualisation de trois ans avec l’État pour lutter contre la pauvreté est essentielle pour notre métropole. 5 millions et demi d’euros ce n’est pas suffisant au regard des besoins. Mais nous prenons, sans hésitation.
Permettez-moi d’abord de saluer les actions qui ont été menées : contre la précarité alimentaire, pour le maintien dans le logement, pour l’accès aux droits. Au titre des nouvelles actions en 2022, la MEL devient coordinatrice des acteurs métropolitains de la lutte contre la précarité alimentaire, dans la continuité du projet alimentaire territorial. La MEL est donc au rendez-vous sur ces sujets et mène un travail nécessaire. Nous saluons aussi – avec un peu d’avance sur l’ordre du jour – la création d’une association de collectivités pour lutter contre les logements vacants. C’est un sujet essentiel pour nos villes, mais aussi un enjeu de partage : de celui du partage des espaces, pour des abris pour toutes et tous.
Mais, ce soir, c’est plutôt une inquiétude que je souhaiterais partager avec vous. Nous l’avons souvent dit ici, et le point de vue est partagé : la lutte contre la pauvreté est une compétence nationale. La métropole ne pourra pas tout. Permettez-moi donc d’interpeller l’État et ses représentant.es présent.es dans notre conseil.
Aux parlementaires, à Monsieur Darmanin le « relais du gouvernement à la MEL » comme celui-ci s’est auto qualifié dans la presse – mais absent ce soir : Que dire aux 3000 personnes sans-abris dans la MEL ? Que dire à ces enfants qui n’ont toujours pas fait leur rentrée, faute de solution suite à des expulsions sèches ? Que dire quand l’État ne respecte pas ses propres directives en ne garantissant pas un abri après expulsion ? Le préfet ne respecte pas sa propre circulaire pour la résorption des bidonvilles. Encore mardi, un campement rom a été détruit à Roubaix. Une dizaine d’enfants scolarisés ont regardé leur habitation être détruite au lieu d’aller à l’école . C’est violent, c’est indigne, ça aggrave la situation des personnes à la rue. Que dire quand le gouvernement actuel supprime 14 000 places d’hébergements d’urgence, quand les services du 115 sont à bout faute de moyens, quand chaque jour six nouveaux mineurs se retrouvent à la rue à Lille ?
Que dire. Que «ça va bien se passer ? ». Si seulement.
Plus de 1000 personnes vivent en bidonville sur la MEL. Et pourtant. Une des actions prévues dans le plan triennal de lutte contre la pauvreté s’est arrêtée dès la première année : celle concernant la résorption des bidonvilles. 1000 personnes, c’est la population de Carnin ou de Fromelles, c’est un peu plus que la population de Péronne-en-Mélantois.
Jusqu’à mi-2021, une politique de résorption des bidonvilles existait. L’État et la MEL, avec les associations, ont permis un accompagnement global et des solutions d’accès au logement et à l’hébergement pour des milliers de personnes. Mais depuis 2021, il n’y a plus de crédits.
Sur un sujet proche, nous avons appris la fermeture des SAS de Loos et de Villeneuve d’Ascq il y a plusieurs jours, sans que les mairies n’aient été mises au courant préalablement.
Ces arrêts brutaux, ces discontinuités des politiques publiques de lutte contre la pauvreté affaiblissent l’accompagnement des plus précaires et affaiblissent le travail des travailleurs sociaux et des associations.
La MEL a besoin d’investissements dans la durée pour lutter contre la pauvreté.
Nous voterons, comme je vous le disais en introduction, pour ce troisième volet du plan de lutte contre la pauvreté, et nous espérons que ces actions continueront au-delà de 2022.
Nous vous soutiendrons, Monsieur le Président, si vous décidez d’interpeller l’État à ce sujet.
Mais je tenais – au nom du groupe Métropole Ecologiste Citoyenne et Solidaire – à vous partager une certaine colère face à une situation sociale inacceptable et qui perdure sur notre métropole.
Je vous remercie.